Tempête

J’ai traversé cette semaine comme dans une tempête. Une course contre la montre pour être prêt à temps : les salaires de janvier ne sont pas encore payés mais le seront bientôt grâce aux multiples échanges de fichiers et d’informations avec le Mandataire Judiciaire.

Cela avait pourtant mal commencé : par une grève en fait, celle des Greffiers du Tribunal de Commerce qui en voulaient beaucoup à Emmanuel Macron, j’ai cru comprendre. Quand une entreprise en difficulté rencontre des grévistes, rien ne sert de vouloir les faire parler le même langage, ils sont sur des planètes différentes !

Donc à cause de cette grève, l’audience pour l’ouverture de la procédure de Redressement Judiciaire a failli être annulée… Par miracle, elle eût bien lieu mais on s’entendait très mal : les grévistes manifestaient sous les fenêtres. Pire, le jugement du Tribunal n’a pas pu faire l’objet d’une publication. Et il a fallu attendre le 4 février.

Ce report a décalé d’autant la prise en charge des salaires par l’AGS, d’où une certaine effervescence. Mais je crois que les grévistes s’en moquent…

Le contact avec la collaboratrice du Mandataire Judiciaire a été bon : elle a même été impressionnée par notre attitude de premiers de la classe, puisqu’en gros tout ce qu’elle nous demande, on le fait dans un temps record. Elle vient même de commenter mon dernier envoi d’informations par un mail laconique, « Vous êtes parfaite », qui me laisse rêveuse…

Lundi, rendez vous avec l’Administrateur judiciaire qui nous a envoyé jeudi soir une liste très très conséquente de documents à réunir. Pas tout à fait les mêmes que ceux du Mandataire, il faudra encore s’adapter…

La semaine prochaine, j’ai bon espoir de recevoir mon salaire. J’ai répété mille fois aux salariés qu’ils devaient prendre contact avec leur banquier pour le prévenir en amont de ce décalage, et aujourd’hui j’ai distribué à tous l’attestation du Mandataire garantissant la prise en charge des salaires. Moi je n’ai rien dit au mien. On verra bien.

Je sais aussi qu’il se trame un plan de réduction massive des frais généraux, ce qui veut dire une liste importante de départs. Avec ou sans repreneur, je ne vois pas comment y échapper. Je suis totalement à l’aise avec cela car je ne suis en rien protégée contre le phénomène, au contraire, il pourrait m’atteindre très vite. Lors d’un coup de colère, j’ai cependant fait remarquer à mon Président et à son collaborateur de la Finance que je demandais un peu de transparence, comme une grande fille que je suis.

Finalement, la tempête de cette semaine n’est peut être qu’une légère bourrasque…Tant qu’il ne neige pas dimanche…car je cours 10 kilomètres !