Gueule de bois
Comme après une soirée trop arrosée par des vins riches en sulfites, l’entreprise entière a la gueule de bois.
Aucune fête n’a eu lieu pourtant et pas de dégustation en vue.
Seulement la triste réalité, celle d’offres de reprise peu nombreuses et peu satisfaisantes.
Chacun a temporisé : ne pas se presser pour diffuser cette mauvaise nouvelle accompagnée d’une difficile perspective.
L’administrateur judiciaire d’abord, le premier destinataire, a laissé passer le week end, comme un dernier sursis.
Puis la Direction a indiqué aux représentants du personnel que les documents étaient en train d’être scannés. L’opération a quand même pris 36 heures…
Enfin, les représentants eux même ont pris la –sage- décision de ne pas communiquer au personnel et d’attendre que ces offres soient améliorées. En espérant très fort qu’elles le soient.
Pendant ce temps, les mines sont déconfites.
Comme si cela ne suffisait pas, il faut faire face aussi à un gros ralentissement d’activité : difficultés d’approvisionnement liées aux impayés, clients anxieux, fournisseurs amers et salariés qui baissent les bras attendant que le couperet tombe, tout ça fait une mauvaise mayonnaise et un film au ralenti.
J’ai donc exploré les démarches administratives de l’activité partielle pour résoudre une partie du problème, du moins sur l’aspect financier.
Nous sommes donc suspendus, sans rien maîtriser du tout, à la merci de cet avenir si sombre.
J’admire l’optimisme et le dynamisme de certains qui se lancent dans la bataille à corps perdu.
Les premiers rayons du soleil de printemps sont peut être le signe que le bout du tunnel n’est pas loin. Il m’arrive d’espérer qu’il soit le synonyme de la fin de l’histoire mais impossible de l’avouer officiellement. On n’a pas les idées claires quand on a la gueule de bois.